OPTIONS POSSIBLES ET RESULTATS
LE DIAGNOSTIc :
La cataracte est une opacification de tout une partie du cristallin qui évolue naturellement :
- Cataracte insipiente ou débutante : atteinte de moins de 10 à 15% du volume du cristallin
- Cataracte immature : le cristallin est partiellement opaque
- Cataracte mature : le cristallin est complètement opaque avec un fond d’œil non visualisable
- Cataracte hyper mature : le cristallin se liquéfie

SANS TRAITEMENT : Un œil non opéré, non médicalisé a 100% de chance devenir non visuel.
DEUX TYPES DE PRISE EN CHARGE :
- Gestion Chirurgicale :
- 250 fois plus de chance de rester visuel
- 80 à 90% de chance pour l’animal de rester visuel à 2 ans (selon le stage et le type de cataracte)
- Gestion Médicale : 60 fois plus de chance pour l’animal de rester visuel
LES PRINCIPALES COMPLICATIONS
Les troubles de la vision :
L’opacification progressive de tout une partie du cristallin entraine à terme une altération de la vision. Les principaux troubles rencontrés chez nos animaux de compagnie sont :
- Une modification de l’accommodation
- Un éblouissement, une diplopie (vision dédoublée)
- Une diminution du champ de vision
- Une diminution de la perception des contrastes et des couleurs.
L’altération de la vision peut être à l’origine de modification du comportement ambulatoire, une baisse d’activité, la survenue d’une agressivité.
L’altération de la vision est également à l’origine de modification des réponses au tests et réflexes en clinique vétérinaire : le réflexe à la boule de coton et à la perception des objets mobiles sont diminués en premiers. Les réflexes d’éblouissement et de réponse à la menace généralement sont encore présents assez tardivement.
Le Glaucome
Le glaucome est une neuropathie optique s’accompagnant d’une hypertension intraoculaire ; le risque glaucomateux augmente avec l’âge et la maturité de la cataracte suite au passage de protéines cristalliniennes au travers du sac cristallinien.
Il existe deux types de glaucome :
- Les glaucomes phacolytiques dû aux modifications inflammatoires consécutives au passage de protéines cristalliniennes au travers du sac cristallinien. Ces modifications affectent l’angle iridocornéen et sont à l’origine d’un glaucome secondaire accompagné d’uvéite importante
- Les glaucomes phacomorphiques dû aux modifications morphologiques du cristallin, à l’intumescence et au déplacement du cristallin ainsi qu’à la présence de synéchies iridocristaliniennes
L’uvéite Phacoantigénique
L’uvéite phacoantigénique est due au passage de protéines cristalliniennes au travers du sac cristallinien suite au gonflement de celui-ci au fur et à mesure que la cataracte évolue. Ce type d’uvéite accompagne donc systématiquement toutes les cataractes dès les premiers stades et demeure plus violente chez les jeunes chiens ; elle peut être très marquée sur les cataractes hypermatures.
La Luxation du cristallin
Le taux de luxation ou de subluxations augmente aussi avec l’âge et la maturité de la cataracte et peut être présent dans plus de 10 % des cas suite à la lyse progressive des fibres de la zonule soutenant le cristallin et aux modifications phacomorphiques de ce dernier.
Le Décollement de rétine et dégénérescence rétinienne
La dégénérescence rétinienne augmente avec le stade de maturité de la cataracte ; par ailleurs, les cataractes hypermatures sont associées à une fréquence élevée de décollements de rétine et de dégénérescences vitréennes.
DELAIS DE PRISE EN CHARGE
Afin d’éviter les principales complications, il convient donc de prendre en charge médicalement puis chirurgicalement les cataractes évolutives. Il faut tenir compte du type de cataracte en fonction de son étiologie, de sa vitesse de progression et de ses complications potentielles. Cela permet de préciser les indications chirurgicales.
Ainsi, les cataractes diabétiques dont la progression est rapide avec un risque élevé de complications nécessitent une prise en charge chirurgicale urgente : il est recommandé d’opérer avant même la stabilisation complète du diabète.
A l’inverse concernant les cataractes non invalidantes et non évolutives ou les cataractes associés à l’ARP, la chirurgie devra être argumentée.
ATTitudes recommandées :
Cataractes incipientes :
Attitude conservatrice et surveillance semestrielle
Cataractes immatures :
Il apparaitra des complications dans plus de 70 % des cas sous 1 an. Il convient donc de mettre en place :
– Surveillance régulière trimestrielle et attitude conservatrice pour les stades précoces avec mise en place le cas échéant d’un traitement médical pour gérer l’uvéite phacolytique inévitable à terme
– Pour les stades avancés, prise en charge chirurgicale rapide avant la maturité de la cataracte et l’apparition de complication (uvéite phacolytique, dégénérescence vitré , hypertension oculaire , instabilité du cristallin, rupture de capsule postérieure….)
Cataracte mures et hypermatures :
Elles présentent un taux de complication important qui justifient aussi une prise en charge chirurgicale rapide mais qui devra être argumentée en fonction des bénéfices et des risques potentiels rencontrés.
Il est donc nécessaire de sensibiliser les propriétaires au fait qu’il est important de prendre en charge précocement les cataractes présentées par leurs animaux de compagnies.
En effet tous les yeux non traités médicalement ou chirurgicalement aboutiront à terme du fait des complications oculaire inévitables à la cécité (et ultérieurement dans les cas non maitrisables médicalement éventuellement à l’énucléation).
A contrario, une prise en charge médicale adaptée augmentera le pourcentage de chance de garder un animal visuel plus longtemps ; l’idéal étant d’opérer avant le stade mature (fond d’œil non visualisable)
LA PRISE EN CHARGE CHIRURGICALE
Pour espérer obtenir à un taux de réussite optimal, il est donc nécessaire d’intervenir précocement en ayant mis en place un traitement médical préalable visant à contrôler la cataracte phacolytique et l’uvéite associée.
Concomitamment, il est important d’explorer si le patient présente une cataracte susceptible d’être opérée avec un taux de réussite satisfaisant. Ainsi, il conviendra de réaliser un électrorétinogramme sous anesthésie associé à une échographie oculaire.
L’électrorétinographie est un examen électrophysiologique médical permettant de tester le bon fonctionnement de la rétine, ce bon fonctionnement pouvant être affecté par les poussées inflammatoires chroniques due à l’uvéite phacolytique.
A l’occasion de la réalisation de l’électrorétinogramme, il sera réalisé une échographie oculaire permettant de détecter un éventuel décollement de rétine ou par exemple une rupture capsulaire postérieure.
Une fois ces examens ophtalmologiques préopératoires réalisés, il pourra être envisagé de procéder à une opération de de la cataracte par phacoémulsification après avoir préalablement instauré un traitement antiinflammatoire oculaire pendant plusieurs jours avant l’intervention.
La phase post-opératoire sera quant à elle l’occasion de contrôles réguliers dans le premier mois, contrôles ophtalmologiques qui s’espaceront avec le temps.

Quand toutes les conditions sont réunies, il est possible d’espérer un taux de réussite avec environ 90 % des yeux cataractés opérés visuels à 2 ans.